Regard sur les ovnis, sur la plage d’Arcachon

Un  après-midi du mois de juillet, sur la plage d’Arcachon, les estivants arrivent par vagues pour savourer les joies de la plage.

Le soleil est au zénith, pas une ride sur la mer qui ressemble à un lac. Un moment idéal pour Julie, journaliste, qui décide de profiter d’une journée de farniente. Elle s’allonge sur son paréo, en maillot, huilée de la tête aux pieds, face au dieu Soleil. Elle ferme les yeux avant de poursuivre la lecture de son auteur de polar préféré : Harlan Coben. Mais une horde de touristes afflue parents, grands-parents, suivis de deux bambins braillant. La plage est immense mais les habitants ont élu leur territoire à deux mètres de Julie. Le grand-père avec le bob bien enfoncé, la grand-mère avec un immense couvre chef en paille, posent leur mini transat sur le sable et c’est un déballage stupéfiant d’objets hétéroclites : pelle, sceau, requin, crocodile, bouée en plastique, du rose au vert fluo, pendant que les deux bambins se retrouvent plongés tout habillés dans l’eau.

Regard sur les ovnis,  La joyeuse tribu

La grand-mère affolée s’écrie : « Nina, Nina, sors de l’eau ! «  La mère reste imperturbable,  le grand-père, lui est déjà assis sous le parasol pour abriter sa calvitie des coups de soleil.

Les cris des petits lurons retentissent avec joie mais agacent prodigieusement une mamie entrain de faire la sieste. Sale môme ! Enfin, le père daigne se lever et secoue les vêtements trempés : « Antoine, idiot ! Celui-ci ricane en gesticulant tandis que la grand-mère l’enduit d’une épaisse couche blanchâtre qui ne doit laisser passer aucun UV. » Oh ! le guimauve », s’exclame Nina, sa sœur, âgée de six ans. Pleurs d’Antoine qui se réfugie vers son père, assis sur la serviette de bain en tête de lion, le nez plongé dans le journal, indifférent, dévorant les dernières infos du jour. « Tu pourrais t’occuper de les calmer », déclare la mère d’une voix stridente. Ils sont tout gluants et couverts de sable, courant en tous sens et en distribuant à leur passage sur le paréo de Julie. Le grand-père s’époumone à gonfler le matelas et animaux en plastique. Vite, les bambins s’en emparent pour se vautrer et les envoyer à l’eau où flotte un indescriptible fatras plastifié.

Regard sur les ovnis, Commérages

Julie profite d’un bref moment de calme pour retrouver le héros de son roman, au moment d’un hallucinant suspens… mais deux pimbêches ont élu domicile à sa droite, parlant à haute voie, déblatérant sur leur amie commune Sophie, adepte du botiox et de la chirurgie esthétique : « sa tronche de poisson lune, au corps d’anorexique et sa poitrine refaite aux mamelons débordants, ses lèvres siliconées, je te jure, elle s’y croit ! Elle raconte à tout le monde qu’elle n’a pas 50 ans alors que son fils Charles a les cheveux grisonnants, qu’il approche de son âge ! Elle l’a conçu au CE2 ! Grivoiseries s’ensuivent sur le mari de la bimbo qui déserte le foyer. Julie lève les yeux et l’une des pimprenelles, s’adresse à elle, agressive, « ça vous intéresse ? ». Julie préfère ne pas répondre quand elle voit se profiler deux silhouettes d’ados, sortant en direct du lit, les écouteurs  sur les oreilles avec ipods, portables, le tee-shirt XXXL, le short assorti d’une ceinture dégoulinante sur les hanches, se dirigeant vers la tribu familiale : « on s’est éclaté super grave hier soir chez Mamamia ! » Julie se lève et décide d’aller nager quand  un jogger marathonien, monsieur muscle, tout brillant, suant, lui coupe la route. Après un petit plongeon pour se rafraîchir, elle retourne vers le paréo quand deux gamins s’empressent de jouer au ballon qui atterrit fatalement sur son coccyx. La plage s’est remplie, une rangée d’allemands alignés sur les serviettes comme des harengs, le visage cramoisi et leurs corps couleur homard exhibent leurs tatouages : serpents, scorpions, animaux sacrés.

Regard sur les ovnis, 16h30

C’est le moment des gaufres, des crêpes et des chichis. Un à un, les plagistes quittent leurs serviettes pour déguster une gaufre chantilly ou chocolat, d’autres reviennent avec des barquettes de frites. Ces odeurs s’emmêlent avec les parfums  d’ambre solaire. La petite Nina débarque avec une glace qui fond à chaque pas qu’elle fait,  le corps couvert d’une couleur rougeâtre. En pleurs, elle en redemande une autre. Son frère, lui, a les moustaches de chocolat pour s’être empiffré d’un beignet.

La serviette de bain de Julie est réduite à un carré où elle n’a plus sa place .Elle saisit ses vêtements à la hâte, rêvant d’une plage déserte avec cocotiers, sur une île lointaine, à des années lumière de cette planète.

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