Julien COURBET « Le Zorro du PAF »

Animateur populaire, Julien Courbet compte à 45 ans une carrière bien remplie sur les ondes et le petit écran. Producteur et découvreur de talents, il est à la tête d’une société de production à Paris « La Concepteria » qui emploie une quarantaine d’employés.

Mais ses activités ne s’arrêtent pas là. Il a créé et dirige un magazine « stop aux arnaques » qui a pour vocation d’aider ses lecteurs, à résoudre tous les tracas de la vie quotidienne grâce à la compétence de son équipe de juristes d’experts et de journalistes. Il a aussi lancé un site internet sorte de guide à destination des consommateurs avec des articles expliquant droits, devoirs et solutions aux problèmes que les citoyens peuvent rencontrer.

Grand, brun, mince, la démarche élégante. Derrière de fines lunettes, son regard, à la fois vif et sérieux exprime la sincérité. Il peut parfois donner l’impression d’être distant au cours d’une émission télévisée mais l’énergie qu’il déploie au quotidien révèle un homme chaleureux, accessible, doté d’un humour irrésistible lorsqu’il évoque certaines anecdotes. Il transmet la  sympathie quand il parle de ses passions avec sa fougue naturelle.

Julien COURBET A BORDEAUX, LE DECLIC

Son véritable nom est Frédéric René Courbet, dit Julien Courbet. Julien est « son prénom de scène » adopté dès ses débuts pour une radio libre et très récemment validé officiellement. Car la notoriété venue tout le monde l’appelle par ce nouveau prénom. Même Christine son épouse l’a connu sous le prénom de Julien.

« Je ne suis pas descendant du peintre célèbre, Gustave Courbet. J’aurai bien aimé. Mais plutôt de la famille de l’amiral Amédée Courbet par mon grand-père bien que cela reste encore à vérifier ».

« Je suis né à Bordeaux Caudéran le 13 février 1965 juste à côté de Primerose. La clinique Lavalance n’existe plus ». Ses parents sont « pieds noirs d’Algérie » rentrés en France aux moments des évènements. Il est le dernier de la famille et le seul enfant né en France. Il a une sœur qui a 10 ans de plus que lui et un frère.

« La radio, c’est ma vie, plus que la télé ! » Déclarât ’il, une flamme dans le regard. Il est de la génération qui a vu la naissance des radios libres en 1981. Il écoute avec passion le soir ces radios . Un jour, à la fac, un copain bénévole sur une petite radio libre lui propose de venir le voir officier. Julien découvre alors le minable petit studio, au sommet d’une tour au Grand Parc. Il l’observe. Son copain lui demande de présenter un disque . Il est gêné, il ne sait pas faire. Il trouve que c’est ridicule, mais il essaie. « J’ai mis le casque sur mes oreilles, j’ai présenté ce disque et  j’ai eu un déclic, … le fait de m’entendre ??  Je me suis dit ma vie … est là ! »

Parallèlement à la fac, il est rentré dans une petite radio « radio libre bordeaux lune » qui n’existe plus. Il se rend chaque samedi matin, rue Ste Catherine. Puis, c’est « Radio Angora » quai des Chartrons une radio locale plus élaborée et mieux installée. Et, il a été débauché pour aller travailler sur « Energie Fun Radio jusqu’à Wit FM » qui est la radio que Claude Bez Président des Girondins de Bordeaux a créé. Le matin, il a une émission très écoutée … il crée un personnage … et devient une notoriété locale. Un jour Claude Bez  a besoin d’un animateur sur la pelouse pour chauffer le stade. Le chef d’antenne sympa connaissant sa passion pour le foot le propose. « Je me suis donc retrouvé sur la pelouse pour animer les matches ». C’est là vraiment le grand départ.

Pendant dix ans, Julien anime des magazines, des jeux, la météo, à la radio et sur FR3. « Je fais partie des meubles».

Puis il débarque à Paris chez Jacques Martin et il devient chansonnier. Il écrit des sketchs des chansons, des parodies, pour l’émission humoristique  « Ainsi font font font sur France 2 » qui tape sur la politique…

Au bout d’un an, il a un vrai choix à faire. Devenir un comique ou revenir à l’animation ? « Pendant cette période de réflexion Gérard Louvin m’appelle et j’accepte de travailler avec lui ».

« Ma 1ère participation chez lui est de faire une chronique dans « Sacrée Soirée ». On a très vite arrêté après la 2 ou 3°. L’émission de JP Foucault n’a pas besoin de chroniqueur même très jeune. Mettre des jeunes, ne rajeunit pas l’émission. Ce n’est pas le look qui fait qu’on est jeune ou pas c’est le contenu de l’émission qui est jeune ou pas. » « Aux Etats-Unis les animateurs les plus regardés ont 60 ans et plus, ils ont tous les cheveux gris et délirent avec Lady Gaga. David Letterman qui est le pape de la 2° partie de soirée fait un show au vitriol très humoristique, il a les cheveux blancs  il est même un peu chauve il a 62 ans. Il est jeune dans sa tête et il fait un tabac ». Juste après, il y a eu « Sans aucun doute ».

Julien COURBET Sans aucun doute

Pourquoi fait-il ce métier ? Julien Courbet a très vite compris qu’il a entre les mains un outil d’une puissance redoutable voire dangereuse. Conscient de l’impact que la radio et la télé ont sur les nombreuses personnes qui écoutent ou regardent, éprouvant un profond ressentiment contre l’injustice, il a envie d’utiliser « ces outils » pour aider les autres tout en les informant et en les divertissant. Il a donc décliné un savoir faire basé sur « j’aide, je conseille et j’enrobe le tout dans un spectacle divertissant »

Aider les gens est-ce une idée fixe ? Julien Courbet affirme :« j’aime qu’il reste quelque chose d’une émission, ce qui a été dit doit   rendre service. Mais il faut que ce soit divertissant ».

Sans aucun doute répond à ces deux premiers critères, pas au troisième. Cette émission propose un reportage sur une affaire suivie de son dénouement en plateau. C’est un magazine d’investigations sur TF1 qui a battu les records de durée et d’audimat. Julien Courbet l’a animée pendant 16 ans. Elle a été suivie par plus de deux millions de personnes soit près de 35 % du public. C’est grâce à cette émission qu’il a mérité le surnom de « Zorro du PAF ». A quoi attribue-t-il ce succès ? « Tout simplement parce que c’est la première émission de télé réalité au sens propre du terme. Ce qui plaît aux gens est de se reconnaître dans ce qu’ils vivent au quotidien. Ils me voient vivre en direct les mêmes aléas qu’eux. J’appelle au téléphone et on m’envoie paître, j’attends au bout du fil avec des musiques interminables, on me renvoie d’un service A à un service B. Pourquoi on obtient des résultats ? Parce qu’on ramène l’équilibre entre le pot de terre et le pot de fer. L’assureur a 40 avocats 100 milliards de CA. Il ne veut pas rembourser. L’usager n’a plus de maison. Il est au chômage, sans un sous. Je les mets face à face. La télé permet de ramener le dialogue au même niveau et à armes égales. Et l’assureur va devoir s’expliquer devant des millions de téléspectateurs. S’il a raison, je le dis mais il ne peut plus se défiler. Et c’est comme cela que les affaires ont été réglées avec mon équipe d’avocats de spécialistes et d’investigateurs ».

« 98 % des personnes à qui nous avons changé la vie ont manifesté leur reconnaissance. Mais 2 % ont fait part d’une incroyable ingratitude. Je me souviens d’un couple qui vivait avec un enfant dans un garage car leur maison s’était écroulée et l’assureur ne voulait rien savoir. On les a fait venir trois fois sur le plateau, on s’est énormément battus. Puis un jour on les a appelés pour leur dire qu’on pouvait leur remettre un chèque de 100 000 € pour reconstruire leur maison. Ils ont refusé de venir une fois de plus sur le plateau. On leur a envoyé le chèque par la poste. Ils ne sont pas venus sur le plateau ».

Il en garde des souvenirs à la fois fantastiques mais durs. Pour chaque affaire, les enregistrements sont faits en plusieurs fois et montés pendant plus de dix heures. Beaucoup d’émotions encaissées. « Les gens attendent trop de l’émission. 15 000 demandes par mois. Lorsqu’ils sont sélectionnés, dès leur arrivée sur le plateau ils pensent qu’ils sont sauvés… alors que rien n’est encore réglé ! »

« Vous faites ce genre d’émission avec vos tripes … et un matin vous vous réveillez … vous trainez les pieds … l’épuisement total… alors on a arrêté. D’autre part je ne voulais pas qu’on ne me colle que cette étiquette dans le dos … j’ai essayé de sortir à temps ! »

Julien COURBET Le post-it

C’est par manque de plaisir qu’il a aussi arrêté « sans aucun doute ». En effet la conception de son métier est certes d’animer et d’informer mais aussi de divertir et de prendre du plaisir.

Créatif, inventif, il a des milliers d’idées qu’il met au service de sa société de production qui emploie une quarantaine d’employés. La conception et l’administratif se passent  au siège de la société et il a des studios de montage à un autre endroit où il fabrique les émissions avec toute l’équipe de journalistes et de spécialistes.

Tout commence par un petit post-it sur lequel il inscrit quelques mots. Et ce qui est génial, c’est le chemin parcouru entre ce petit papier et le jour où l’émission est diffusée.

« Je trouve toujours l’idée de base, je l’ai toujours inventée ». Puis le talent de son bras droit intervient. Nicolas Mathieu à qui le petit post-it est destiné, écrit le concept à partir de cette idée. Les rédacteurs en chef trouvent les gens qui vont dedans. « Puis, je vérifie les montages ». Et l’émission voit le jour. Comment trouve-il toutes ces idées ?  « Je ne suis pas un manuel, j’adorerai bricoler avec mes mains, mais je ne peux pas y arriver par contre je sais avoir des idées…c’est un talent, un don ! »

Cet homme dynamique, créatif, recherche constamment des idées originales et de nouveaux concepts, et découvre des « talents qu’il recycle là où ils ne sont pas attendus ». Quand ce n’est pas lui qui officie, il trouve toujours « un bon samaritain ». C’est sa nature !

« Dans ma boîte, on prend les personnes en stage, on les observe, on les forme et dès qu’un poste de cadre se présente on les propulse s’ils sont capables. C’est ainsi que le rédacteur en chef  de deux émissions aujourd’hui a commencé stagiaire. Il y a six ans, il ne savait rien faire ».

Ma  plus grande fierté dans ce domaine est Marc Emmanuel Dufour. Il a été pendant 14 ans mon chauffeur de salle dans l’émission « sans aucun doute » : c’est lui qui faisait patienter le public, mais en même temps, il a su se montrer astucieux et très utile sur le plateau « pour débloquer certains dossiers en résolvant quelques problèmes et en me les signalant par un petit post-it devant mon micro». J’ai l’idée de cette émission, et  je me suis battu pour qu’il présente  « tous ensemble » où il met l’entraide à l’honneur et aide à concrétiser un projet de vie. C’est ainsi que plus d’une trentaine de maisons ont été réparées.

Mais il y a aussi Pascal Soetens « le grand frère » qui s’occupe des ados, Jean Jacques Bourdin qui dénonce les mécanismes des arnaques avec « Abus de confiance ». Henri Leconte essaie de régler les problèmes de voisinage avec« Voisins : vont-ils se mettre d’accord » et Julien Colas de réinsérer des chômeurs avec « le restaurant de la nouvelle chance ».

Julien COURBET Ses passions

Julien Courbet est un homme très occupé, ultra nerveux, il ne dort que cinq heures par nuit.

« C’est vrai qu’il y a des journées où je n’ai même pas un quart d’heure pour me poser un peu.

Je cours partout. Mais j’aime ça, c’est ma nature si ce n’était pas ça je ne serai pas heureux.

Quand on se l’impose, on arrive à tout caser ».

Mais il tient à emmener chaque matin ses enfants à l’école. Homme au grand cœur, il est parrain de la fondation qui prend en charge l’éducation des enfants autistes. Il a été touché par l’histoire de sa co-animatrice de « service  maximum » sur France 2, Eyglantine Eméyé, mère d’un petit garçon autiste et fondatrice d’« un pas vers la vie ». Deux autres passions occupent sa vie : le vin et l’équitation.

Il adore les Saint-Julien, mais aussi le Pauillac, le Pichon Longueville est son cru préféré. « Depuis que j’ai découvert les grands vins avec trois potes on organise une soirée trois fois par an. Chacun amène un  grand cru. C’est un peu la surprise mais plus je vieillis et plus j’apprécie le très bon vin. J’ai un copain qui est courtier en vins à Bordeaux. Il fait partie de la famille Quancard et il m’aide dans cette quête ».

« L’équitation est une des plus belles choses qui me soit arrivée dans la vie avec mes enfants : la passion du cheval m’est tombée dessus. » Il a découvert le cheval en accompagnant sa petite fille qui avait cinq ans à l’époque et qui montait sur des poneys. Au lieu de rester à l’attendre sans rien faire, il a pris lui aussi des leçons. Et la première fois qu’il a sauté il a ressenti « le même déclic que celui de  20 ans auparavant quand il a fait de la radio pour la première fois ». Avant ,il zappait toute émission qui parlait de cheval. Après ce saut, « je suis tombé dans l’addiction. J’ai commencé à faire de la compétition. Mais comme j’avais 40 ans et que je débutais’, j’ai commencé la compétition avec des enfants de 6 ans sur des shetlands. Je gagnais des paquets de malabars. Et maintenant je saute au plus haut 1m15 ce qui n’est pas grand chose par rapport aux champions mais c’est une passion. Tous les mercredis je pars à 11h1/2, pour aller monter. Je reviens pour mon RDV de 15h30. Et le WE je suis avec ma fille. Et je passe mon WE au club. »

Que pense-t-il de Bordeaux ?

Lorsqu’il parle de la transformation de Bordeaux, il s’anime encore plus, ses yeux brillent. Pendant mon enfance ………….GABIN, mon fils de 10 ans.

Pas de doute, il aime Bordeaux. Des qualificatifs fusent « formidable remarquable extraordinaire, d’autant plus que je ne profite que du bon côté, je n’ai pas subi les travaux. Je me souviens de ces quais sales, noirs pour y avoir habité et lorsque je vois ce qu’ils sont devenus » Là il s’arrête de parler, l’admiration semble lui couper le souffle. Puis, il reprend « Chaque fois que je viens à Bordeaux je vais courir sur les quais. C’est fantastique. Depuis ses travaux Bordeaux est devenue une des plus belles villes d’Europe. Mais il reste l’autre rive à laquelle il va falloir s’attaquer. Force est de constater que l’équipe en place a fait un travail remarquable. Pendant un an j’ai aussi habité rue Neuve près du Cours Victor Hugo. J’ai adoré cette année là. En bas de chez moi, une petite épicerie, le bar les rues piétonnes avec leurs pavés, tout se faisait à pieds.

Bordeaux pourrait être la ville idéale, elle possède tout : la beauté que peu d’autres villes ont, la proximité avec les plages et le bassin d’Arcachon, les Pyrénées tout près…le jour où nous serons capables d’être un peu plus méridionaux dans notre façon d’être et un peu plus « toulousain »… J’ai vécu un an à Toulouse, je peux donc faire la comparaison. Ce n’est pas une légende les gens sont plus chaleureux et accueillants. Faites l’expérience de la terrasse d’un café. A Toulouse, les voisins de terrasse osent vous parler. A bordeaux, ça ne se voit pas, ça ne se fait pas : vous faites partie du clan ou pas. Je souffre lorsque j’entends dire : Bordeaux c’est très froid. On a malheureusement cette réputation. Je suis gêné, j’ai mal, mais je leur dit : il fait tellement bon vivre à Bordeaux. »

Sur France 2 il est le nouveau roi du jeu littéraire « En toutes lettres ». Epaulé par Pierre Bellemare dans le rôle de l’arbitre incorruptible, tous les soirs à 17h30 deux candidats s’affrontent sur le plateau dans des jeux de mots aidés par une personnalité.

Animateur sur RTL depuis 1998, chaque matin, de 9h30 à 11h30, depuis 2000 il anime « ça peut vous arriver » qui a pour but la défense des consommateurs. Cette émission bat encore des records.

« Je ne désespère pas de l’adapter à la télévision ».

Le vieux démon de « sans aucun doute » bien qu’abandonné depuis 2008, revient-il ?

Va-ton revoir Julien Courbet sur les antennes publiques en « Zorro du Paf » ?

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