« Oasis PARK » Un nom qui sonne bien, évocateur d’espaces emplis de sérénité, de parfums d’exotismes, un lieu de quiétude.

Un nom qui leurre…

A mon arrivée à l’hôtel après une nuit blanche passée à voyager, j’ai été accueillie à la réception par une employée débordée qui m’a débitée un speech d’une minute pour me donner le maximum de renseignements en me remettant la clé de la chambre… J’avais dû verser un supplément conséquent à l’agence de réservation car être seule est un luxe et on vous le fait payer très cher… De plus, une femme seule n’est pas intéressante au niveau de la consommation.

En guise de chambre, j’ai trouvé un cagibi qui me rappelait ma chambre d’étudiante, le lit plaqué contre le mur avec un bureau dans un espace réduit, un mini balcon s’ouvrant sur la piscine avec déjà les flics et les flocs des gamins perçant mes oreilles. La bonne ambiance !!!

Il a fallu que je me transforme en mégère véhémente en faisant intervenir mon agence, téléphoner à Pierre, Paul, Jean et Jacques pour obtenir enfin mon dû : une chambre où l’on respire

Un oasis ?

C’est l’endroit le plus peuplé que je connaisse. Ici la densité au M² peut représenter la population d’un building entier à Pékin ! Une véritable colonie de vacances, hétéroclite composée de gens venus du Nord en raison de leur teint blême, devenus blafard sous les néons de la gigantesque cantine de cet hôtel dit «  4 étoiles ».

Ils sont arrivés par hordes, en famille de tous âges, nantis de leur progéniture piaillante.

Oasis, non ! Parc, oui !

Car ici on est parqué comme dans un camp de concentration mais un camp pour bien portants ; les faméliques et chétifs sont noyés dans la masse de chair opulente, de ventrus, d’obèses dont la silhouette difforme et accentuée par des vêtements moulants en strech.

Pour prendre le breakfast, il est préférable de ne pas faire la grâce matinée et arriver avant les morfales.

A l’entrée du self, un cerbère sélect, vêtu d’un superbe costume noir, vous souhaite, avec un rictus la bienvenue.

La salle de restaurant, vaste cantine municipale, est sillonnée de part en part de néons comme dans les rayons du supermarché.

Mon regard est fasciné par la surabondance de viennoiseries de toutes sortes et formes, du croissant fripé, au chichi grassouillet, à la chocolatine défraîchie, et divers biscuits sortant droit du congélateur de la grande surface « Carrefour » du carrefour d’en face, le tout disposé en deux rangées pour permettre un écoulement progressif de la queue aux heures de pointe.

Le self se déroule par la course au liquide distribué par une machine où un bouton magique propulse dans le bol ou la tasse le liquide de votre choix.Un peu plus loin, une autre machine sélectionne un liquide orange et jaune fluo.

A droite, une queue se profile près du grille pain. Une personne vient d’y introduire 12 toasts par rangées de trois, sous le regard envieux des suivants, impatients de faire de même. Ils repartent, les assiettes transformées en monument de bouffe, où cohabitent les flageolets saucisses baignant dans l’huile avec les croissants beurre et confiture.

Il est 9 heures ! Je jette un coup d’œil vers l’extérieur … tous les transats sont couverts de drap de bain, ou serviettes multicolores avec les tongs au sol, disposées face au dieu Râ pour permettre d’obtenir le bronzage le plus top. Vers 11 heures, les harengs sont, scotchés sur les sièges , alignés comme des sardines, enrobés d’huiles aux essences capiteuses, cuisant, grillant en passant du rose crevette, au homard cramoisi. Certains exhibent des tatouages représentant des araignées, des insectes de tous genres, serpents ou autres figures étranges venant tapisser soit un bout de chair, soit la totalité de leur anatomie. Il faut s’immiscer entre les batraciens, cétacés, reptiles et les volumineuses bouées en plastique pour tenter de faire une brasse en vous recevant parfois le plouf d’un gamin qui vient de plonger.

Trois palmiers font office de verdure. Deux routes à grande circulation longent de part et d’autre l’hôtel. Ainsi, allongée sur le relax, si vous y parvenez, vous êtes bercé par le vrombissement des moteurs au feu rouge juste derrière, les camions ou scooters s’arrêtant net ou démarrant en trombe. En même temps vous absorbez les effluves de gasoil plein les narines.

Le soir, le self s’ouvre à 19 heures 30 , rien à voir avec l’horaire espagnol : c’est plutôt celui de la maison de retraite. Il faut donc se pointer à l’ouverture pour manger comme les poules, soit arriver vers 20 heures 30 pour éviter l’invasion. Mais là, les bacs sont moitié vides. J’avais pris la résolution de commencer mon repas par le dessert. Un soir , après avoir visité la merveilleuse ville de Barcelone, je suis arrivée à 20 heures 45. A peine assise, le majordome, toujours très zélé et sélect, est venu m’annoncer d’une voix suave et le sourire mielleux que si je voulais me « resservir » il fallait le faire immédiatement (soit à 21 heures) car ils allaient tout débarrasser. Alors commence la valse des chariots que les pauvres serveuses poussent allégrement pour débarrasser, sous le regard du maître d’hôtel qui mène la danse, allant d’une table à l’autre, entassant les assiettes et les reliefs des repas des mangeurs, ayant les yeux plus grands que le ventre.

Ce va et vient finit par provoquer un tel stress qu’il vous tarde de sortir de la cantine. Ça n’a pas changé pour moi, puisque durant l’année, j’y prends tous mes repas. Les bacs en alu foisonnent de mets prédigérés, cordon bleu, bâtonnets, triangles … enrobés de panure dont la consistance n’est pas identifiable, avec des crudités variées que vous devez vous-même assaisonner. Au bout du self, trois machines délivrent ketchup, moutarde, mayonnaise sur lesquelles devez appuyer avec une telle force que finalement votre assiette se trouve submergée d’un flot rougeâtre ou jaunâtre incontrôlable

Je ferais une impasse totale sur les activités du soir, entre le jardin d’enfants, le show des perroquets, des reptiles atrophiés dans leur cage … sous la voix tonitruante d’un animateur qui vous casse les oreilles !

Je suis rentrée chez moi, contente de pouvoir me reposer de l’agréable séjour passé à l’Oasis PARK 4 étoiles .

Ils m’ont fait payer un supplément de 15,00E en liquide pour garder la chambre jusqu’à 19 heures avant de repartir ! En cadeau de mon séjour à l’armée de l’Oasis Park. 4 étoiles .

Articles recommandés

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.