Un vieux paon qui s’aimait d’amour tendre,

Ne cessait de lustrer son plumage.

Fier, il se pavanait dans tous quartiers.

Pour se rassurer, il consultait chaque jour sa psyché.

Ne suis-je pas le plus beau de tous les volatiles ?

Sire répondit-elle, le soleil vous sied bien

        Mais il faut vous protéger

La grisaille risque de nuire à votre image.

Le fier oiseau n’écoutait que lui-même,

Faisant chaque jour la roue

Devant ses copines et voisines les poules.

Bombant le poitrail, la démarche arrogante,

Le don Juan à plumes cheminait ainsi

           Vers le poulailler.

Sa plus petite amie lui fit remarquer

Qu’une plume s’était envolée.

« Vous voilà dépouillé, il faut la remplacer»

L’aînée lui dit « Sire, avant l’hiver,

       Il faut vous requinquer,

Peignez vos plumes de couleur mordorée »

Le bel oiseau, plus que jamais gonflé,

Se crut autoriser à franchir le seuil

De son rival, le coq à la crête hautaine.

      Il cherchait un nid douillet

Pour passer l’hiver à venir.

Mais le roi des gallinacés ne supporta pas

Que l’intrus vienne sur son territoire

       Chasser sa couvée.

Que faites-vous ici ? Déguerpissez !

Dépité, il revint à la charge

Dès que le soleil déclinait.

Astiquant ses plumes, se refit des implants.

Vêtu de sa parure d’or, il invita Albertine,

L’aînée de la couvée qui frémit à sa vue.

Le gîte était assuré se dit le joli paon.

Sylviane, Emilie, Roquette se succédèrent

Recueillant l’oiseau dans leur logis.

Hélas, le temps fit des ravages.

Et le chef de la tribu, courroucé

Ferma à tout jamais l’accès.

Plus de poule, plus de couvée

L’oiseau fut déplumé.       

Il dut changer de contrée.

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